Les choses entre [ ] sont des précisions ajoutées a postériori, et qui ne figuraient pas dans ma lettre à l'époque.

UN NOUVEAU DEPART

[Précision préalable : à la Fédération Anarchiste, toutes les décisions se prennent à l'unanimité moins les éventuelles abstentions ; une opposition suffit à ce que la décision soit rejetée, c'est pourquoi toute opposition doit être motivée par une argumentation.]

J'écris aujourd'hui pour annoncer à tou/te/s ma DEMISSION de la Fédération Anarchiste, et expliquer surtout ses raisons, car elles montrent bien à quel point entre l'idéal, les beaux discours, et la réalité des pratiques, il y a parfois un fossé inquiétant.
Certain/e/s pensent que la cause de tous les maux de la FA est le " fonctionnement ", d'autres qu'il y a aussi un problème de "comportements".
Je pense que l'un et l'autre sont interdépendants : il y a le fonctionnement théorique, officiel, et celui officieux, réel, engendré par nos comportements. Je pense qu'à cet égard ce qui suit est un échantillon éloquent de ce réel parfois pitoyable, de ces comportements qui ne devraient même pas se produire de la part d'anars (ni d'humains lambda d'ailleurs).
Pour ceux/celles qui sont pressé/e/s, il y a un résumé à la fin. Vous m'excuserez pour la longueur du texte, d'autant plus que c'est le dernier de moi que vous lirez ici...
Comment en suis-je venue à adhérer puis militer à la FA ? J'ai commencé à me poser sérieusement des questions sur la politique quand j'étais en classe de troisième : c'était l'année de la chute du mur de Berlin et aussi le bicentenaire de la Révolution française.
J'en étais à l'idée, peu satisfaisante moralement par la violence nécessaire, que la seule solution pour que " le peuple " vive dans la prospérité, la liberté et l'égalité était de refaire souvent des révolutions, à chaque fois que les dirigeant/e/s commençaient à jouer les accapareurs/euses et à se prendre la grosse tête.
En 1991, je découvre dans la bibliothèque municipale un minuscule rayon "anarchisme " ce qui me permet de prendre connaissance des expériences concrètes en Espagne notamment. Très contente d'avoir trouvé une autre solution que mes révolutions successives aux problèmes que me posait la société, je lis tous les autres bouquins du rayon durant l'année, puis, naturellement me demande s'il en existe encore, de ces anarchistes. C'est alors que je tombe, par hasard, sur une affiche anar de l'OCL [Organisation Communiste Libertaire] dans la rue, puis sur le ML [Monde Libertaire, journal hebdomadaire] dans un kiosque, et, de proche en proche, sur des anars en chair et en os, ceux de la FA en l'occurrence.
J'y ai adhéré en 1992, à l'époque au groupe Desjacques, le groupe de B. (il n'y avait alors que deux groupes dans l'UL [Union Locale], l'autre étant le groupe Kronstadt). J'étais jeune (16 ans) et sans doute un peu naïve, la suite le prouvera.
Le groupe se réunit tout d'abord régulièrement mais les réunions tournent très vite à la discussion informelle style " salon de thé " (je n'ai rien contre mais ce n'aurait pas dû être le lieu...). Puis, un peu du fait qu'il y avait beaucoup de femmes quarantenaires seules entre leurs enfants et leur boulot, donc très peu disponibles, le groupe a vu ses réunions s'étioler, et enfin ne s'est plus réuni.
De temps en temps, j'entendais parler de "réunions d'UR" [Union Régionale] mais personne ne prenait jamais la peine d'annoncer à tout le monde quand était la prochaine (panneau d'affichage ou communication orale), alors je n'y allais pas, n'étant pas à priori invitée.
Par ailleurs, et ce de 1991 à 1994, j'ai participé à l'animation toutes les semaines, puis tous les quinze jours, de l'émission radio de l'UL. C'est B. qui m'avait proposé, avant mon adhésion, de le faire.
Voulant participer à un groupe digne de ce nom, j'ai demandé mon transfert au groupe Kronstadt. Je n'y suis restée que quelques mois, puisqu'un nouveau groupe était en gestation : le groupe étudiant-lycéen Durruti. Sa création a été officialisée fin 1994.
Etant lycéenne, j'ai trouvé logique de passer dans ce groupe-ci. Il est utile de préciser qu'à Lyon à chaque fois qu'un conflit de personnes (ou de pouvoir ?) prend trop d'ampleur, cela finit généralement par la création d'un nouveau groupe, qui permet la mise à distance et l'autonomie des protagonistes de chaque " camp "... les tensions continuant juste, alors, à s'exprimer quand tous se retrouvent en réunion d'UL (je ne mets que le masculin ici devinez pourquoi). Je précise en passant que l'agressivité verbale et les débats internes sur "un ton vif" sont la norme à la FA de Lyon.

Le groupe Durruti né d'un conflit entre de nouveaux adhérents désireux de prendre leur place et des plus anciens ne comprenant pas que leur poids étouffait ces jeunes, fut hélas la " chose " de ses créateurs et de leurs potes. Cela permit d'ailleurs à certain/e/s d'adhérer, car ils/elles se sentaient plus proches des animateurs de ce nouveau groupe que des anciens.
Rapidement, le groupe Durruti est donc devenu pour le meilleur et pour le pire, un groupe affinitaire d'étudiant/e/s de Lyon II (fac de lettres-sciences humaines). Pour mon malheur, je ne fumais pas ce qu'il fallait après les réunions, je n'étais pas à Lyon II mais au lycée, puis en fac de sciences ... en dehors des réunions, de la politique, je ne partageais donc rien avec eux/elles, et cela était plus que réciproque. Là ou ce fait devenait gênant, c'est que du coup, pendant les réunions, lorsque j'étais en désaccord avec eux/elles, et que je le disais, j'avais l'impression de me trouver face à un mur, d'être la chieuse de service. Bref, l'impression que j'aurais mieux fait de me taire et de me contenter de distribuer les tracts au lieu de tenter de les faire amender. A leur décharge, il est vrai que le fait d'être sur la même fac devait beaucoup leur permettre de discuter avant les réunions de manière informelle, et donc de faire converger leurs points de vue naturellement, ce que je ne pouvais faire n'étant pas sur le même lieu qu'eux/elles.
Suite au mouvement lycéen de l994, quelques lycéens ont adhéré au tout jeune groupe, puis en l995 deux ou trois étudiant/e/s. Les réunions étaient alors devenues, à mes yeux, un long monologue des leaders du groupe, D. et Pt, dans un silence de plomb. Eux-mêmes commençaient d'ailleurs à se demander comment sortir de cette situation.
A., quant à elle, distribuait par ses regards et ses propos la parole à la tête du client, et comme elle m'avait déjà prise en grippe bien que je ne lui aie jamais cherché quelque pou que ce soit à l'époque. . .
Enfin, entrant à la fac fin l994, j'y ai initié la tenue de tables de presse hebdomadaires, aidée exclusivement de sympathisants (il y avait déjà une table de presse sur l'autre fac, et surtout peu d'enthousiasme chez les adhérent/e/s du groupe pour s' "expatrier" à Lyon 1), la première année, puis également d'O., actuellement à la FA de Clermont.
Au niveau régional, il y a eu en l995 une demande d'exclusion envers "Tante Michèle" de Grenoble, car elle avait paraît-il un mandat municipal. J'étais à la réunion d'UR car l'info passait mieux et surtout que cette réunion était à Lyon. Ayant appris en cours de réunion que Jean-Marc, du groupe de Bourgoin, avait hérité de la PME de son père, dont il était patron car " ses " ouvriers ne souhaitaient pas se mettre en coopérative, il a été alors également exigé son exclusion à lui. J'avais 1'impression de ne pas avoir tous les éléments en main et puis il y avait une telle nécessité, selon les leaders, en qui je croyais (si si, c'est le mot exact), de les exclure à cause de leurs places dans la société, que je n'ai rien dit. Et de toute manière, on ne me demandait rien : " y 'a-t-il des oppositions ? ", Ma main était trop lourde, paralysée par la frousse d'aller contre la majorité, et je n'avais pas d'arguments, hormis que, quand même, j'aurais bien voulu savoir comment, pourquoi une anar accepte une responsabilité municipale ; et aussi dire que pour Jean-Marc, sa situation n'était pas plus contestable que celle d'être permanent confédéral d'un syndicat alors qu'on est contre les permanent/e/s aussi [il y a des permanents syndicaux adhérents à la FA, sans problèmes, de fait] ! C'est ça, le vice de l'unanimité telle qu'on la pratique à la FA : n'être pas obligé/e de lever la main pour ou contre (ou pour s'abstenir), donc on a tendance à aller au plus facile, se taire. Etre lâche.
Mais de toute manière, je n'ai jamais eu l'occasion de poser ma question à Tante Michèle : elle n'est jamais revenue, Jean-Marc non plus. Tous deux ont démissionné quand ils ont appris que "nous" voulions les exclure.
C'est dans ce contexte déjà peu reluisant que se sont produits les " événements ",

Les " événements ", ou comment j'en arrive à être exclue de l'UL...

A la rentrée 1995, ma situation personnelle étant assez chaotique, j'ai fini par avoir des problèmes psychosomatiques assez impressionnants. En effet faisant pour mon malheur partie des jeunes qui ont des parents maltraitants (pas avec des gros hématomes hein, juste des trucs qui laissent pas de traces [physiques, s'entend]), je suis partie de chez eux dès mes l8 ans, avec un engagement de leur part de me payer ce qu'ils auraient dépensé pour moi si j'étais restée avec eux. J'allais donc les voir tous les dimanches, véritable corvée, et repartais après dure bataille pour leur extirper mon dû, avec l'argent promis, pour ma semaine. Bien évidemment, au bout d'un an de ce régime, j'en ai fait ce qu'on appelle des " crises d'angoisse ".
Al., adhérente au groupe Dejacques, m'a alors hébergée pendant deux ou trois semaines en attendant que j'aille mieux.
C'est alors qu'il y a eu la grande manif féministe du 25 novembre 1995 (50 000 personnes). Je n'ai pas pu y aller car pas encore entièrement remise de mes " émotions ".
Au retour d'Al., quelle n'est pas ma surprise de la voir emballée par l'idée de ... créer une commission femme non mixte sur Lyon ! Cela lui est venu suite à des discussions avec De., nouvelle adhérente, dans le car du retour.
En plus, ses arguments me convainquent. Alors j'accepte avec enthousiasme l'idée de participer à sa création. Pourtant, je me souviens qu'auparavant je pensais que les féministes étaient des espèces d'hystériques anti-mecs regardes. Et la FA, à laquelle j'étais pourtant adhérente depuis plus d'un an, n'avait pas été jusqu'alors foutue de m'ôter cette idée de la tête ! Bien au contraire, au congrès de Rouen, la réunion de la commission femmes fédérale n'avait suscitée que silence ou commentaires désapprobateurs de la part des lyonnais (les lyonnaises se contentant pour la plupart d'écouter les leaders lyonnais). Par exemple, B. : "de toute façon, y'a que des vieilles dans cette commission". Manière de dire que le féminisme, c'est ringard, vieillot, ça ne se discute même pas ! Quelques minutes plus tard, j'apercevais justement une jeune femme en mini jupe qui se rendait à la réunion de la commission... Tiens, bizarre.
A., prenant son courage à deux mains, y a été voir et en est ressortie en pestant : "c'est n'importe quoi, etc...". Personnellement, ce soir-là, en y réfléchissant, j'en vins à adopter un point de vue très modéré (si si) par rapport à celui de mes camarades lyonnais/e/s qui fût qu'après tout, si ça leur faisait plaisir de se réunir entre meufs, ma foi, qu'elles se démerdent, on n'a pas à leur interdire mais ça n'empêche pas de ne pas être d'accord avec elles.
Le congrès de Rouen est loin et nous préparons la présentation de notre commission pour l'UL. Nous sommes trois : moi, De. et Al..

Le mouvement social de décembre 95 nous occupe aussi pas mal. Je me suis à peu près remise de mes problèmes mais au passage toute l'UL a été mise au courant de l'affaire par Al., et même du fait que je suis une psychothérapie depuis. Pour ma part, il m'est revenu aux oreilles qu'A. étant étudiante en fac de psycho, s'est crue permis de me juger derrière mon dos : selon elle, si je faisais des crises d'angoisse, c'est parce que je manquais de volonté [j'aurais aimé l'y voir, tiens !]. Quand on ne sait pas de quoi on parle on se tait et on révise son cours de psycho ! De plus, quand on n'a que des relations au niveau militant, qu'on n'est pas ami/e/s ou même potes, on n'a pas à se permettre des commentaires sur la vie privée de la personne !
Heureusement le reste de l'UL a eu des réactions plus correctes que cela à ce propos.
Par contre, ce point faible fût amplement utilisé contre moi par la suite, puisqu'il sera question dans la bouche de certains militants de "problèmes relationnels avec les mecs" (pour résumer).
En effet l'existence de la commission femmes locale a aussitôt suscité un conflit avec certain/e/s militant/e/s de l'UL. En l'occurrence, les acteurs/trices principales/aux de ce conflit furent :
- d'un côté, pour feu la commission femmes de Lyon : moi, Al., un peu De.
- de l'autre côté, les principaux leaders de l'union locale à l'époque : B. (du groupe virtuel Dejacques), Pa. et R. (Kronstadt), D. et Pt (Durruti).

Je n'oublie pas de citer A. dans le rôle fondamental du bras droit très véhément des leaders.
Tou/te/s ces " camarades " (oui, maintenant j'en suis hélas à mettre des guillemets) ont dès le départ exprimé une hostilité très viscérale envers l'initiative (sarcasmes divers, demandes permanentes de justifications de ce qui pour eux/elles était de toute manière injustifiable : la non mixité féministe...).
Ce conflit n'ayant pu contrairement à l'habitude, été traité comme un conflit politique légitime, acceptable, par les leaders de I'UL, il s'est envenimé au fil des mois.

Nota : j'emploie le terme de leader car c'est celui qui me semble le plus refléter la réalité. Dans l'UL, on les désignait plus pudiquement sous le nom d " éléments moteurs ", plus flatteur pour des anars, et qui évitait surtout de reconnaître la réalité (à savoir notre échec là-dessus) en la nommant franchement.

Je vais donner quelques exemples de ce qui s'est passé.
Premier exemple : depuis janvier 1996, A. ne me fait plus la gueule car je l'ai soutenue dans ce qu'elle disait sur la tenue du café libertaire en réunion de groupe [le café libertaire est situé dans l'arrière salle de la librairie de l'UL, c'est un café associatif créé et géré par l'UL].
Cela n'a pas duré longtemps. En effet au printemps, j'ai le malheur d'apporter ma pierre à la décoration du café libertaire. Le groupe des étudiant/e/s de Lyon II étaient les principales/aux acteurs/trices de cette décoration, via notamment le collage d'autocollants d'actualité dans les toilettes.
Croyant, à tort, être leur égale en tout, j'ajoute un papier scotché portant les statistiques de la répartition des tâches domestiques selon les sexes. J'affuble le tout d'un commentaire : "le machisme, ya basta !" .
Lors de ma visite suivante à la librairie, j'apprends qu'A. court partout, hors d'elle, demandant à tout le monde qui a ajouté ce papier dans les toilettes. La voilà justement. Je lui réponds " c'est moi, pourquoi ? ".
Ce jour-là j'ai appris à mes dépens que je n'avais pas le droit de participer à la décoration du café. Je commençais par ce biais à réaliser que certain/e/s étaient plus égaux/ales que d'autres dans l'UL. Bien entendu, s'en est suivie une " belle " dispute entre A. et ... Al., A. affirmant que j'étais " manipulée par Al. ", et s'adressant donc, en conséquence, à mon "chef " (le délire commence) ! Les mecs présents s'en mêlent et pendant qu'elles s'expliquent dans la salle à côté, me font remarquer que j'aurais pu au moins croiser ces données avec les classes sociales (histoire de montrer que les prolos sont plus gentils avec " leur femme " que les bourges? Pff...) , m'assaillent de questions et de remarques...
Tout ça pour un misérable bout de papier dénonçant le machisme !

Deuxième exemple : été 1996. Il y a des réunions hebdomadaires à la librairie, afin de préparer la journée libertaire qui aura lieu durant l'automne. On en est à décider des thèmes de débat. Avec Al., on se dit qu'on pourrait animer un débat sur le patriarcat.
Parallèlement à cela, les leaders du groupe Durruti ont enregistré une demande d'Al. de passer du groupe Dejacques virtuel au groupe Durruti. Ce jour là, Al. n'est pas présente à la réunion de la commission journée libertaire. C'est donc moi qui suis chargée de proposer notre projet de débat.
J'arrive en avance, et tombe sur les leaders du groupe Durruti. Ils m'annoncent derechef qu'Al. ne peut adhérer au groupe Durruti, car ils y sont fermement opposés. Devant ma demande d'explications, ils précisent juste que, pour eux, elle constituerait une menace pour l'équilibre du groupe, et qu'elle a divulgué des infos sur la vie privée d'un certain militant ce qui est inadmissible.
En réalité, son tort semble avoir été, lors de l'UL de fin d'année, en juin, qui se déroulait à la campagne, d'avoir tenté de consoler une adhérente du groupe Durruti en présence de deux autres adhérentes de ce groupe, dans la cuisine. Celle-ci avait d'autant plus de mal à digérer sa rupture avec son ex mec, adhérent à l'UL également, qu'il avait passé la matinée à se bécoter avec sa nouvelle compagne en réunion. Manifestement une oreille traînait autour de la cuisine et a rapporté la conversation, on l'imagine, un tantinet médisante, aux deux tourtereaux. C'est ainsi qu'Al. est devenue celle qui répand des bruits de chiotte sur la vie privée des mecs de l'UL...
Et c'est sur cette base que son adhésion au groupe Durruti était alors jugée "dangereuse pour l'équilibre du groupe".
La réunion, en tout cas, commençait bien ! Mais le bouquet, ce fut sans aucun doute quand je lus la trame du débat que nous proposions.
A peine avais-je fini que plusieurs militants me pressaient de questions sur ce que je pensais de la notion de "classe des femmes", car j'avais déclaré avoir trouvé "intéressant" un article paru dans RAS, journal de I'URCO [union régionale centre et ouest], qui parlait de cette analyse. Ils me firent bien comprendre qu'ils ne pourraient accepter qu'on anime le débat sur de telles bases, puis divers propos à peine nommables ont été tenus à mon encontre : D. m'a traitée d' "hérétique" (glups, l'Inquisition n'est pas loin ?), X., actuellement à Besançon [enfin à Besançon à l'époque de la rédaction de ce texte], a été carrément insultant. Ma réponse dans ce contexte fut un tantinet bafouillée et confuse...
Et c'est malgré la clarté de la trame que je venais de leur lire qu'ils m'ont attaquée ainsi : dans ce texte, je disais notamment que " être gouverné/e/s par des Jacques ou des Simone nous indiffère", ce qui est totalement incompatible avec une analyse en termes de "classes de sexe", il me semble.
Je suis ressortie estomaquée de cette réunion. Et il se trouve que le lendemain j'ai croisé un militant de la LCR que je connais, et ai alors vidé mon sac en lui expliquant qu'il y avait "des problèmes par rapport au féminisme à la FA de Lyon". Il m'a assuré qu'à la Ligue tout était clair à cet égard et que j'y serais donc la bienvenue... (pauv' vieux va ! Moi trotskiste !). Ce sont des propos comme ceux-ci qui seront qualifiés, ultérieurement de "volonté de pourrissement de l'organisation" de ma part.
Pendant un bon mois nous avons été tenues dans l'incertitude de savoir si nous serions "autorisées" par nos "camarades" à animer le débat sur le patriarcat. Finalement, c'est B. qui nous a donné le feu vert lors d'une réunion d'UL. R. a quant à lui insisté pour que l'intitulé soit : "oppression des femmes et sexisme" et non "patriarcat" car quelque part les mecs aussi sont, d'après lui, opprimés dans cette histoire (ah ? Mais par "qui" donc ? La question n'est pas anodine, et la réponse est intéressante !).
L'adhésion d'Al. au groupe Durruti a été rejetée à l'unanimité des silencieux/euses, sans le moindre débat réel. En effet, puisqu'elle est venue à la réunion, Pt et D. lui ont d'emblée expliqué qu'ils ne voyaient pas pourquoi elle venait puisqu'elle était au courant que c'était "non".
J'ai alors fait remarqué que cela n'avait pas été discuté en groupe, et que moi par exemple, je voulais que soient expliqués clairement les motifs de l'opposition de Pt, D. et A.. Réponse : "on peut pas en dire plus parce que ça concerne la vie privée de certains militants". Pas de tour de table ni de discussion, silence lourd. Je me lève et annonce alors ma démission du groupe, expliquant que je trouve que l' "équilibre" actuel du groupe repose sur des bases malsaines, et que le groupe est étouffant, car il n'y a pas de possibilité de discussion réelle et pas de prise en compte de tou/te/s les adhérent/e/s.
Il y a aussi eu à cette époque une tentative (louable) de débat interne à l'UL sur la question du patriarcat, afin de clarifier les positions. Les leaders de l'UL en sont ressortis en nous reprochant le fait qu'il n'y ait pas eu de "vrai débat", suspectant que nous cachions nos véritables conceptions du féminisme, puisque les désaccords sur l'analyse du patriarcat exprimés au cours de cette réunion n'avaient rien du fossé que tout le monde s'imaginait ! Nous avons animé le débat à la journée libertaire, il s'est très bien passé. Il y a alors eu une accalmie des tensions. Un moment, on a cru enfin être admises à part entière.

L'exclusion de l'UL (janvier 1997) :

Et puis le groupe NTM a été censuré. J'ai bondi en voyant l'intitulé du communiqué fédéral : "nique la justice !". J'ai parallèlement eu l'info qu'il y avait une manif de protestation à Lyon. J'ai transmis cette info à la mandatée locale aux relations extérieures, G., afin qu'elle prenne le relais. Au téléphone, je lui ai fait part de mon opposition à un soutien " acritique " à NTM : contre la censure oui, mais ça ne veut pas dire être d'accord avec les propos (notamment sexistes) du groupe.
Quelle ne fut pas ma surprise, quelques jours plus tard, de voir à la librairie les piles de tracts signés UL, ayant pour titre : "nique la justice !" ce qui pour le moins, ne prenait pas en compte mon opposition. J'ai alors demandé aux personnes présentes comment cela c'était produit. Le ton de la discussion a été courtois jusqu'au moment où B. est entré. Aussitôt qu'il eut compris la situation, il éleva le ton contre moi. Voyant qu'il n'était plus possible de rien tirer de constructif je suis partie en précisant que j'avais du linge qui m'attendais à la laverie d'à côté. Commentaire de B. : " c'est ça, va faire la vaisselle ! ". Hors de moi, je réponds alors : "C'est ça ! En guise de vaisselle j'en vais plutôt te casser les assiettes sur la tête tiens !" avant de claquer la porte. C'est ce qui s'appelle voler bien bas...
S'en suivit une longue discussion entre les mecs présents sur tout ce qui avait pu les énerver chez nous, anarcha-féministes lyonnaises (cette discussion m'a été rapportée par une adhérente alors présente). Je suis allée pour ma part à la manif avec un panneau exprimant mes positions : "contre la censure de NTM, mais ne laissons pas pour autant nos frères et nos pères niquer nos mères !". Je n'ai pas diffusé "leur" tract. Certain/e/s m'ont reproché d'avoir été à la manif avec un panneau qui "contredisait la position de la FA" alors que je suis connue comme adhérente sur Lyon. Fichtre ! Autonomie, fédéralisme...hum.
En réunion d'UL, qui avait lieu juste après, j'ai redemandé des explications (que j'ai enfin eues : G., malade donc crevée, a dit "oui" sans regarder le tract dont on lui parlait) sur la non prise en compte de mon opposition. J'ai demandé à ce que pour les éventuelles actions futures elle soit bien prise en compte. C'est alors qu'on m'a expliqué (Pa. en tête, pour changer un peu), que y'en avait marre de nos "cours d'antisexisme" que j'étais sur les positions de l'affreux ministre qui voulait censurer, et enfin qu'il n'y avait pas de "dictionnaire du vocabulaire correct" (encore Pa.), que "nique" n'était donc pas sexiste. Que mon opposition était donc invalide, car non motivée de manière valable.
C'est quelques jours après que j'ai appris ce qui venait de se mijoter : B. demandait, profitant du contexte de tensions suivant cette UL, mon exclusion et celle d'Al.. Motifs : "féminisme séparatiste", "volonté de pourrissement de l'organisation" (notamment divulgation de propos sur la vie privée des militants - comme si sur la mienne aucune médisance n'avait été échangée !- et divulgation de ragots sur la FA-Lyon auprès d' "ennemis politiques" [comme la LCR, mais aussi des "anars" non-FA…]). C'est par De. que j'ai appris l'info, la secrétaire d'UL, A., n'ayant pas pris la peine de me mettre au courant. Pour en connaître les motifs j'ai appelé cette dernière. Elle m'a quasiment engueulée au téléphone, me faisant des reproches sur mon panneau pendant la manif (sûr que ça légitimait mon exclusion !). J'ai dû appeler R. pour avoir des motifs plus conséquents, exposés sur un ton plus correct. Il m'a aussi assuré que si nous "faisions la preuve" que nous n'étions pas ce qu'ils croyaient nous pourrions tout à fait être réintégrées à l'UL ultérieurement.
Al. a aussitôt démissionné de l'UL.
L'unanimité des présent/e/s à la réunion d'UL suivante a accepté mon exclusion, moins l'abstention de Gu. et l'absence d'un petit nombre.
J'y ai été, et ai eu droit à un véritable lynchage verbal, durant lequel on m'a carrément expliqué que pour prouver ma bonne volonté, il fallait que je démissionne de la fédération, car si j'y restais "à côté" de l'UL, cela montrait que j'avais une volonté d'affrontement et donc de pourrissement contre l'UL ! Les plus véhéments furent B., M., A., Pt, D. et X. (Pa. était absent). D. m'a comparée à Lympham (anarcha-féministe = antisémite ?!?) [Lympham était un adhérent FA dont l'exclusion était demandée pour antisémitisme à cette époque, mais comme il faut l'unanimité du congrès pour exclure, et qu'il y a toujours un/e "pote" pour s'y opposer…]. M., A. puis B. m'ont parlé presqu'en hurlant. Il y avait de quoi bégayer ! Seuls R. et De. se sont opposé/e/s à cette démarche. J'ai exposé mon point de vue et mes propositions, qui ont d'abord surpris (je proposais qu'on définisse des engagements de respect mutuel et de dialogue dans l'optique d'une réintégration dans l'UL, puis j'ai exposé les engagements que j'attendais de leur part). Il y a eu 30 secondes d'un silence gêné, puis on m'a demandé à quoi je m'engageais moi. J'ai répondu que ce n'était pas à moi mais à l'UL de préciser ses exigences à mon égard, comme je venais de le faire pour les miennes à leur égard. Re-silence, puis réaction brutale de Pt : " je fais opposition à ta proposition, comme ça c'est réglé ". Reprise alors des pressions pour que je démissionne de la FA, A. expliquant même qu'il n'était pas logique de ma part que je reste à la FA alors que j'étais exclue de l'UL, puisque la FA et l'UL étaient un même tout, qu'il y a une cohérence idéologique entre les deux. J'ai répondu que cela n'était pas négociable, et que pour prouver ma bonne foi, je démissionnais de l'UR mais pas au-delà, car il n'y avait pas de raisons que je cède à toutes leurs exigences et eux à aucune des miennes. Ils/elle ont donc continué à me rentrer dedans. Ai. est arrivé à ce moment là et leur a alors dit qu'il trouvait inadmissible le ton sur lequel on me parlait, parce que ça voulait dire "casse toi sinon gare". J'ai alors craqué, chialé, et comme il n'y avait plus rien à ajouter, suis partie après avoir rendu les clefs en claquant la porte, répondant à une ultime vanne de B.

Et après, ça continue ...

Mais pour certain/e/s avoir obtenu ma démission de l'UR, avoir pu vider leur sac de la sorte en réunion, m'avoir fait chialer en réunion n'a pas suffi. Il leur fallait me montrer que je n'étais vraiment plus dans leur "clan".
B. a commencé par me faire remarquer que je n'avais plus à m'asseoir derrière le comptoir du café pendant les débats (ma place habituelle), car cela pouvait laisser croire que je faisais partie de I'UL (horreur !). Egalement hors de question que je serve (ou me serve moi-même) des boissons au café, que j'enregistre des ventes de livres, et même que je pénètre dans la salle "interne" à la FA de Lyon dans le local, pour la même raison.
Puis il a arrêté toute animosité quand j'ai fait une crise de délire [au sens médical-psy du terme, je précise ; une vraie, donc] un soir chez G., car il a dû lui sembler clair qu'il n'y était pas pour rien ; B. était effectivement quelqu'un d'important pour moi à l'époque, et son attitude odieuse lors de la création de la commission femmes m'avait déjà beaucoup déçue. Ces humiliations et cette animosité, alors même qu'il avait obtenu l'exclusion qu'il cherchait, ont été la grosse coupe d'eau qui a fait déborder le vase. Bien entendu, la nouvelle s'est propagée à toute l'UL : S. a pété un plomb l'autre soir chez G. Ah ! Mais c'est qu'avant de pouvoir réadhérer à l'UL, faudra aussi qu'elle nous prouve qu'elle est en bonne santé mentale ! Il y a eu une espèce de " trève " à ce moment là de la part de certains militants.
En septembre, je suis passée aux débats de temps en temps. Un jour, comme je n'avais pas de monnaie en poche, j'ai demandé à C. de me noter une ardoise de 3F pour une boisson.
Intervention très véhémente de X. à ce moment-là : " non, on fait plus d'ardoises ! ". C. et Ri. trouvent justement la feuille d'ardoise dans la caisse : " Ah ? T 'es sûr ? ".
X. précise alors : " Ouais, on fait plus l'ardoise que pour les membres de l'UL parce que sinon y'avait des gens qui remboursaient pas et qu'on revoyait pas ". Ri. et C., du coup, me servent ma boisson ! X. affirme alors, devant eux et une sympathisante (qui me connaissait et s'est empressée de partir !) : " comme disait Staline, il faut épurer le parti pour le faire croître " (je cite approximativement Staline, mais X., lui connaissait bien sa citation).
Quelques temps plus tard, c'est A. qui me refuse une ardoise (toujours de 3F), m'expliquant que je n'avais qu'à "assumer mes actes" (!). On s'est alors engueulées...Mon droit d'avoir des ardoises (de 3F, jamais plus !) au café fut donc le fruit d'une âpre lutte.
Quelles pratiques minables.
Au printemps, j'ai essayé de demander mon adhésion au groupe Desjacques, les choses s'étant un peu apaisées. Pendant un mois, je n'ai pas eu de suites, hormis : " nous n'avons pas eu le temps d'en discuter en réunion ". Puis j'ai appris par hasard, en questionnant Ma., que c'était niet. Motif : "trop séparatiste". [Apprécions le "trop"…]
Au congrès, je prends B. à part pour avoir une version plus précise. Il m'explique que dans mes comportements, ma manière d'être, même si je pense le contraire, je suis séparatiste. Ahah, c'est donc une attitude machinale de ma part, dont je ne me rends pas compte. Fichtre, ceci est inquiétant : pire qu'être somnambule, dirais-je même ! Je crains que ce soit incurable, si c'est si machinal et inconscient. Ca tiendrait presque de la psychopathologie, non ? Mais tiens je croyais que le séparatisme était une théorie politique. Ici, le "camarade" ne parle pas de conceptions ou de pratiques politiques, mais de comportements, dont il est de plus incapable de citer des exemples, dans mes relations avec les mecs (enfin...ceux de l'UL). Autre fait troublant, j'ai des relations avec eux : je discute, etc... Est-ce qu'une séparatiste fréquenterait ainsi d'affreux mâles ? La rhétorique de B. n'est même pas cohérente ! Elle était surtout un moyen de déstabilisation envers moi : tu as des problèmes psychologiques, tout le monde le sait, et je peux te dire que parmi ces problèmes, tu en as un gros avec les mecs, même et surtout si tu ne t'en rends pas compte.
Un an plus tard, je récidive, cette fois-ci via la publication d'un texte dans le bulletin intérieur (n° 361, mars 1999 pIII3-III7), afin de les remuer un peu plus, et une demande de médiation fédérale.
Aucune réponse à mes demandes ne m'a été communiquée de la part de l'UL. J'ai su par certains militants que les groupes ont discuté de la question, que paraît-il certains étaient tangents. Mais même ces groupes-là n'ont pas pris la peine de m'inviter à en discuter avec eux.

C'est parce que j'ai rencontré Mi. de Clermont lors de la manif pour Beurrier que j'ai su qu'il y avait une UR d'ici peu. C'est elle qui m'a communiqué date et lieu. Et si je n'avais pas été à Clermont, hein ?
C'est parce que je me suis pointée à l'improviste à cette UR où il y avait peu de lyonnais/e/s que ma ré adhésion a été acceptée (y compris par B., qui a poussé cette fois dans ce sens là, allez savoir pourquoi !). Au congrès (de Lorient), j'avais prévu d'intervenir là-dessus, puisque je demandais à l'UL de reconnaître qu'elle avait commis des impairs elle aussi dans cette histoire, que les torts étaient largement partagés. Là, j'ai été l'objet de pressions (bien intentionnées pourtant) de la part de militant/e/s lyonnais/e/s qui étaient pour ma réadhésion, afin que je ne fasse pas cette intervention, ou du moins que j'arrondisse les angles au maximum, que je l'édulcore.
J'étais venue dans un des deux minibus organisés par l'UL car certain/e/s avaient poussé à ce que j'y sois acceptée. Mais dans la chambre de l'hôtel, quand je demande à une de ces personnes pourtant bien intentionnée quelles seraient selon elle les conséquences d'une intervention trop "carton", elle me répond : " ben, en quelque sorte c'est pas sûr que tu rentres à Lyon en minibus". Bon, OK, j'édulcore, je ne tiens pas à rentrer à pieds ! Mais pourquoi n'ai-je pas les moyens de me payer le train Lorient -Lyon !!! Du coup l'intervention que j'ai faite a été, à mon goût, plutôt confuse. Elle n'a donné aucun résultat, et de plus j'ai du faire le forcing contre le président de séance qui déclarait cela "hors sujet" pour pouvoir parler ! Mais où je parle si au congrès c'est hors sujet ? Ensuite, H., secrétaire général, est venu m'expliquer qu'il n'avait pas répondu à ma demande car, malgré que je lui ai envoyé le texte à lui SG, cette demande ne lui était pas adressée, puisqu'elle ne lui demandait rien explicitement. Comme si une commission de médiation fédérale, ça ne le concernait pas ! Enfin, E., secrétaire RI [Relations Intérieures, entre les groupes de la FA, etc], m'a expliqué que lui n'aurait pas répondu à ma demande car je parlais d'UL et que les UL n'existant pas officiellement à la FA, il ne pouvait rien faire, Ah, si j'avais su, j'aurais mis "les groupes FA de Lyon" au lieu de "UL" ! Qu'auraient-ils trouvé alors comme détail pour faire l'autruche, hein ? Il est positif toutefois qu'E. ait changé de position depuis sur la manière de gérer les "crasses": c'est bien de dire que par rapport au problème "Jean Marie B.", c'est inacceptable de faire l'autruche [oui, encore un gros sexiste…]. Mais c'aurait été mieux plus tôt . . . non ?

Pourquoi je me tire de cette orga :

De mon exclusion jusqu'à il y a un an, j'ai essayé de m'investir dans des trucs fédéraux : d'abord la commission femmes, j'étais prête à animer des débats sur différents thèmes autour du patriarcat.
Certaines m'ont freinée des quatre fers en me disant "attention à l'activisme". J'ai donc laissé tomber, devant le peu d'enthousiasme. Puis j'ai participé au mouvement des chômeurs, et ai écrit quelques articles dans le ML là-dessus. J'ai aussi essayé de faire du travail pour les relations internationales. Mais la masse de journaux en langue étrangère m'a rebutée, j'ai donc dit que je ne m'engageais finalement que sur un travail de traduction pour le ML d'articles de quelques journaux parmi tous ceux-là, afin de tenir mon engagement réellement.
J'avais fait abstention pour le mandatement du deuxième CRML [Comité de Rédaction du Monde Libertaire] lyonnais, car il y avait B. et M. qui étaient toujours allergiques à l'anarcha-féminisme.
J'ai envoyé à la rentrée une première traduction, qui n'est jamais passée dans le ML, sans explications. Puis le CR m'a rappelée pour me demander si je n'avais pas des photos sur je sais plus quel thème. Ben non, et là même si j'en avais eu, j'aurais répondu non. Là, je décroche (cf. BI n° 3 68 janvier 2000, p. II130-III31).
Je me rends compte que même au niveau fédéral, je suis bloquée. Je commence à être vraiment écoeurée. Je me demande ce que je fous encore dans une orga qui refuse d'aborder le problème posé par mon exclusion de l'UL … : A. a raison là-dessus, il y a une cohérence entre la FA et chacune de ses composantes. Si mon exclusion de l'UL est justifiée, alors il faut aussi m'exclure de la FA, sinon c'est la preuve qu'elle n'est pas justifiée et il aurait fallu que l'UL me réintègre.

L'UR m'a un peu retenue, parce que là l'ambiance était correcte (d'autant plus que les rares lyonnais/e/s présent/e/s, Dl. et G., étaient tout à fait réglo avec moi), parce qu'il y avait des discussions. Mais petit à petit je me suis rendue compte là aussi qu'en tant qu'individuelle, hormis discuter pendant la réunion, ou prendre un mandat ce qui ne me branchait pas pour l'instant, je ne pouvais pas faire grand chose. Et puis à vrai dire la motivation n'y est plus, même si les camarades de l'UR sont sympa.
Je n'arrive même plus à payer mes cotisations FA : je pense de temps en temps au problème, mais oublie systématiquement... je ne parviens jamais jusqu'au stade de l'envoi du chèque.
J'arrête donc les frais, je pars.
Je suis toujours anarchiste, je n'irai pas adhérer au PC ou à LO.
Mais à propos de PC, ce que j'ai subi à la FA à Lyon, la manière dont j'ai été exclue puis usée par des moyens mesquins, la manière, aussi, dont certain/e/s ont essayé de me tailler une sale réputation au niveau fédéral, me rappelle trop les récits de certains de mes amis âgés sur l'âge d'or du PC. La manière dont ses militant/e/s traînaient dans la boue ceux/celles qui n'étaient pas dans leur ligne à la CGT, répandaient des ragots odieux, les mettaient à l'écart. Maintenant ils/elles ne peuvent plus : le PC n'est plus assez fort, même si l'appareil de la CGT est toujours son efficace courroie de transmission [du moins celle de certaines de ses " tendances " internes…].
Mais ayant l'occasion de fréquenter régulièrement certain/e/s permanent/e/s départementaux CGT, je peux vous dire que l'ambiance qu'ils/elles créent autour d'eux me rappelle fortement ce que j'ai vécu à l'UL FA de Lyon, et je ne doute pas un seul instant que s'ils/elles le pouvaient ils/elles recommenceraient comme au "bon vieux temps".
A la CGT, je ne suis donc pas dépaysée (si j'y reste c'est parce que de nombreux/euses adhérentes de base [y compris membres du PC, d'ailleurs !] sont dans une optique autre que ces fossiles). Je peux dire que mon passage à la FA de Lyon m'a armée pour survivre au milieu des crabes-bureaucrates de la CGT et les combattre malgré eux. C'est justement pour cela que je ne veux plus ré adhérer, A AUCUN PRIX, à l'UL de la FA de Lyon.
En effet, il y a de nouveaux/elles militant/e/s, d'autres sont parti/e/s mais la dynamique de groupe de l'UL ne me semble pas être devenue moins craignos.
Je souhaite d'autant moins y ré-adhérer que depuis que je n'y suis plus après une phase très pénible de six mois je ne me suis jamais sentie aussi bien... dans ma tête ! En passant, j'invite d'ailleurs toutes les personnes qui, adhérentes à l'UL, sont accros (et non simples adeptes occasionnel/le/s) à l'alcool, au shit, aux anxios (et il y en a plus d'un/e), voire aux stages au Vinatier, à examiner ce fait. Et je pose la question : un groupe fusionnel et hyper conflictuel comme l'est (l'était ?) l'UL ne crée-t-il pas des tensions voire de véritables problèmes psychologiques chez des gens déjà fragilisés par ailleurs ? J'ai encore le souvenir de cet adhérent de l'UL qui a terminé le mouvement des chômeurs au Vinatier après avoir dansé sur les tables de l'ANPE occupée en croyant être entouré par le complot des rouges... chacun son délire, mais c'est triste (et dangereux pour soi) d'en arriver là parce qu'on a adhéré à une structure pour mieux faire changer le monde.
Ce que j 'appelle un groupe "fusionnel " c'est un groupe très soudé, qui sera souvent perçu comme "sectaire" voire "replié sur lui-même" par ses voisins politiques (CNT, Gryffe à Lyon). Un groupe pour lequel les autres structures, parfois même anars, seront sans que cela choque qualifiées d' "ennemis politiques". Ou alors si cela choque, les adhérent/e/s choqué/e/s garderont le silence... Un groupe enfin, où l'on boit des coups ensemble, on l'on fait des bouffes ensemble, où l'on fait la fête ensemble, où l'on se rencontre beaucoup hors réunions, où l'on pioche en grande partie ses ami/e/s et petit/e/s ami/e/s ou du moins ses relations sociales.

En conclusion et résumé : Les " affaires " de cette année : Jean Marie B., le CRML et son permanent en septembre, ainsi que celles des années précédentes (…), me font penser qu'en l'état actuel des choses même ailleurs qu'à Lyon, il n'y a rien d'intéressant pour moi à la FA.
Ne voulant à aucun prix réadhérer à l'UL de Lyon car je trouve leur fonctionnement insupportable (voir ci-dessus pour plus de détails), ne voyant aucune dynamique intéressante émerger au niveau fédéral, je me défédère donc, jusqu'à nouvel ordre.

Peut-être que, si je suis amenée à déménager, à changer de ville, j'envisagerai de me refédérer via un groupe. Cela dépendra de 1'évolution de la FA et du fonctionnement réel du groupe local.
Je sais également que, si je tombe sur une ville où se trouvent des lyonnais/e/s ayant participé à mon exclusion, je serai mise dans 1'impossibilité d'adhérer au groupe local par leur caprice... qu'à cela ne tienne. J'irai voir ailleurs (Alternative Libertaire, ils sont comment ?), et la FA se démerdera avec la connerie humaine qu'elle aura accepté de cautionner ! Alors, peut être qu'à Lyon certain/e/s, apprenant ma démission, sableront le champagne de la " Victoire " qu'ils/elles avaient mis au frais depuis 1997, car sans nul doute, cela constitue un pas indéniable vers la réalisation du projet de société anarchiste, une société plus juste, libre et égalitaire.
Je le leur souhaite en tout cas, ne souhaitant pas leur gâcher le plaisir ! Ceci étant, que ceux/ celles-là ne croient pas la victoire si positive. Car à force de croire détenir la Vérité Vraie, il se pourrait bien qu'ils/elles s'égarent en quelque basse fosse mal famée, comme certain/e/s qui s'appelaient pourtant camarades en 19l7, quelque part au-delà de l'Oural, et croyaient apporter, au prix du sang des dissident/e/s de Kronstadt, d'Ukraine ou d'ailleurs, la paix et le bonheur au prolétariat. Cela, j'invite tou/te/s les camarades anarchistes à faire leur possible pour en faire la critique et s'en tenir éloigné/e/s comme de la pire peste !
Quelques commentaires enfin, sur les "affaires" : [je saute ce passage, qui n'est pas intéressant pour nous ici].
Pour ma part, en tout cas, ce qu'il me restera de ce passage à la FA c'est l'amertume d'avoir constaté un si grand fossé entre la théorie à la pratique. Et j'ose le dire : il me semble que cela doit refléter une ou des insuffisances de la théorie. Nous ne sommes pas des humains désincarné/e/s, il faudrait trouver le moyen de le prendre en compte dans nos belles idées, notamment en regardant plus en détail pourquoi émergent des leaders et réseaux de pouvoir officieux, même à la FA et comment les réduire afin d'être un minimum cohérente/s avec notre idéal.
Allez, bon courage pour le congrès

Cordiales salutations anarcha-féministes à tou/te/s.
S., ex-individuelle de Lyon malgré elle.

Retour page de départ

Les effets de cette lettre de démission

puis

Les réactions à mon égard des co-fondatrices de la commission femmes, suite à cette exclusion  

Voir les écrits d'autres personnes concernant ces événements et aussi ceux survenus à la librairie la gryffe
(regarder dans "dossiers")

Me laisser un mot : federationanar1997@free.fr