Les effets de ce courrier :
Je précise que l'envoi juste avant ce congrès, en dernière minute, de ce
courrier de démission, était tout à fait volontaire et réfléchi de ma part
: toute l'année durant, mes ex-camarades lyonnais/e/s s'étaient en effet
livré/e/s à des jeux de pouvoir dans l'organisation, dont le point d'orgue
devait être le congrès. Aussi, comme monnaie de la pièce qu'ils/elles
m'avaient donnée, je me suis permis de glisser cette peau de banane
sur leur parcours. L'effet fut fulgurant : le congrès ne fut pas du tout, pour
eux/elles, la " réussite " qu'ils/elles en espéraient. "
Réussite " dans le sens que les leaders lyonnais d'alors pouvaient prêter
à ce mot…
Et le plus affligeant, c'est que je savais que l'effet de surprise était la condition
sine qua non de
la réussite de ma réplique. C'est pourquoi j'ai du glisser cette "peau de banane"
dans leur dernière " ligne droite " avant ce congrès crucial pour
leurs jeux de pouvoir.
On me dira sans doute " tout ceci est bien mesquin ". Certes. J'en
conviens. Je n'étais pas comme cela au départ…mais après avoir lu ma lettre
de démission, vous comprenez un peu mon évolution concernant les attitudes à
adopter vis à vis de ces "camarades", je pense.
Evolutions…(justement)
[Précision : ici comme dans ma lettre de démission, même traitement pour
tou/te/s : je n'ai conservé que les initiales des prénoms, ce qui permet aux
personnes qui nous connaissent de bien décrypter "qui a fait quoi ",
et aux personnes plus " extérieures " d'avoir l'histoire sans qu'un
certain anonymat ne soit rompu]
Depuis, certes, beaucoup de choses ont évolué dans ce " petit milieu
" qu'est le monde anarchiste. Des personnes citées dans cette lettre ont
changé d'organisation, (R., De…), voire ont apparemment disparu de la scène
militante (cas de Pt. par exemple). D'autres " font carrière " dans
le militantisme anarchiste, acquérant une renommée certaine : c'est le cas par
exemple de D., qui est très doué en "public relations" et en
promotion de ses travaux personnels.
Enfin, Pa., depuis cette lettre de démission, alors que nous avions milité
ensemble durant des années, me vouvoie et tente de faire
comme si j'étais transparente à chaque fois que l'on se croise, aussi
incroyable que cela puisse paraître aux personnes qui ne le connaîtraient pas
comme ça ! Ce après m'avoir expliqué, à l'issue des journées libertaires de
la librairie la Gryffe, en 1998, qu'il avait dit à l'une des femmes
participantes à l'action pour dénoncer le machisme omniprésent lors de ces
journées, qu'en tant qu'homme antisexiste, il n'allait pas lui mettre une
gifle, ce qui est macho, mais " un pain dans la gueule ". Et il
m'expliqua avoir alors enlevé ses lunettes, pour bien joindre le geste au
propos…oui, Pa. est parfois surprenant.
Une des personnes citées m'a, depuis cette lettre, fait des excuses concernant
son attitude d'alors envers moi : il s'agit de M..
Finalement, suite à un nouveau congrès ayant abordé la
"question" du féminisme à la FA, la FA de Lyon a démissionné en
bloc (c'était en 2003 je crois). En effet, à l'occasion de ce congrès, une
féministe avait claqué la porte en quittant le congrès, parce qu'une fois de
plus le congrès refusait d'aborder la question "femmes". Elle suivait
en cela une dizaine d'autres adhérentes qui partirent elles aussi dans un bruit
violent de porte claquée.
Précision du militant lyonnais qui m'a relaté ces faits : la porte claquait
naturellement quand elle se fermait...
N'empêche, pour un "camarade" membre lui aussi de l'organisation, ce
fut le claquement de trop. Il se précipita dans le couloir à la poursuite de
la militante, dans l'idée, selon ma source, de lui filer une leçon. Je
précise que ma source d'information est l'un des deux militants (lyonnais) qui
se sont interposés entre le "camarade" et la militante, évitant à
celle-ci le cassage de gueule prévu. Suite à cet "incident", selon
ma source, le congrès a continué normalement, cette agression ne choquant pas
les congressistes...
Suite à ce congrès, plusieurs groupes ont démissionné de la FA. A Lyon, il
reste juste des personnes adhérentes à titre individuel à la FA, les groupes
ayant tous décidé de démissionner, sous l'impulsion de ces deux jeunes
adhérents.
Pour ma part, je suis aujourd'hui encore syndicaliste à la CGT, investie
quand cela existe dans des mouvements comme celui de soutien aux
sans-papier/e/s, celui des chômeurs/euses…mais plus adhérente à aucune
organisation politique. Et cela ne m'intéresserait pas : trop de doutes, de
questions subsistent, non résolues aujourd'hui encore, sur le fond, suite à
cette histoire.
Je suis toujours, au final, identifiée comme " féministe " presque
partout où je parle, mais n'ai pas eu beaucoup l'occasion (ni l'envie ?) de
participer, d'impulser, des choses sur ce plan.
Pendant longtemps, et jusqu'à ce que je trouve une section à la CGT qui m'a un
peu rendu cette liberté, cette assurance, j'ai eu beaucoup de mal à affirmer
mes opinions. J'étais tenue par la peur d'être virée de nouveau…cette peur
ne concernait pas que les idées féministes, elle englobait tout. Voilà pour
quelques unes des " séquelles ".
Aujourd'hui, relativement aux idées féministes, je reste prudente…j'avance
en général peu à peu, à petite dose, partout où je suis. Et surtout j'ai le sentiment
d'avoir plus de marges à la CGT, par exemple (le sentiment, mais est-ce réel
?).
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Lire le texte sur les réactions des co-fondatrices de la commission femmes suite à mon exclusion.
Voir
les écrits d'autres personnes concernant ces événements et aussi ceux
survenus à la librairie la gryffe
(regarder dans "dossiers")
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